Couvent des Cordeliers

Au XIIIe siècle, un groupe de Frères mineurs venait s’installer, à quelques 500 mètres du prieuré vers l’ouest, sur un terrain qui appartenait aux Bénédictins, mais se trouvait dans la paroisse de Saint-Nizier-sous-Charlieu. Leur établissement dans un faubourg de Charlieu en 1280 marqua la fin d’une lutte entre les frères et les moines commencée plus d’une vingtaine d’années auparavant.

C’est entre 1254 et 1259 que le pape Alexandre IV, par une bulle dont la date n’est pas précisée, autorisa les Franciscains à construire un couvent à Charlieu et à y avoir un cimetière. Il désigna l’évêque de Die comme exécuteur de sa volonté. Immédiatement, les Bénédictins du prieuré s’y opposèrent ; si bien que l’évêque les excommunia et informa l’Abbé de Cluny du fait, ce qui ne fit pas évoluer la situation.

En 1259, le pape - par une bulle - ordonna à l’évêque d’excommunier l’abbé de Cluny lui-même s’il persistait à soutenir les Clunisiens de Charlieu contre les Franciscains. En même temps, il accorda sa bénédiction au premier gardien et chargea l’évêque de Mâcon de poser la première pierre. Mais l’échec des Franciscains resta total. Les frères se replièrent et construisirent leur couvent sur le plateau d’Avaize dans la paroisse de Saint-Denis-de-Cabanne. C’est ce couvent qui figure, sous le nom de Charlieu, sur la liste des maisons franciscaines lors du Chapitre Général convoqué par saint Bonaventure à Narbonne en 1260.

La guerre continua. Les Bénédictins chassèrent même les franciscains et démolirent leurs constructions. Enfin, en 1262, l’évêque de Die excommunia l’abbé de Cluny qui ne s’émut pas à cause de l’interdit. Ensuite, les moines de Charlieu ripostèrent avec l’aide du nouveau pape Urbain IV qui, dans une lettre à l’abbé de Cluny, se déclara contre l’établissement des Frères mineurs dans Charlieu sans l’autorisation de l’abbé.

Mais un ordre de prêcheurs comme celui des Franciscains a besoin d’établissements dans la proximité immédiate des villes. Par conséquent, les frères, perdus dans la campagne sur le plateau d’Avaize, continuèrent leur lutte pour une place plus propice et persuadèrent le pape Clément IV de prendre leur parti. Par une bulle de 1267, le pape ordonna la fin du conflit dans un délai de six mois. L’affaire traîna et c’est seulement treize ans plus tard, le 13 février 1280, que le pape Nicolas III ordonna aux Bénédictins l’établissement avant deux mois des Frères Mineurs à Charlieu. Les moines s’inclinèrent enfin et, le 14 mai 1280 à Cluny, la dispute se termina par un concordat entre Thomas, prieur de Charlieu, et frère Jean, ministre de Bourgogne au nom des frères d’Avaize. Les Franciscains s’installèrent alors sur la paroisse de Saint-Nizier-sous-Charlieu sur la limite même de la paroisse de Charlieu.

D’après l’almanach de Lyon de 1760, le fondateur du couvent était un nommé Jean Mareschal, habitant de Charlieu, "qui s’y serait fait religieux et en serait devenu gardien".

De la date d’établissement du couvent jusqu’à la deuxième moitié du XIVe siècle, on sait peu de choses sur les Franciscains de Charlieu. Sans doute, le couvent, qui manquait de fortifications, a souffert pendant la guerre de Cent Ans des dépradations des bandes de mercenaires qui sévissaient dans la région. On pense qu’il fut presque totalement détruit à l’exception de l’entrée actuelle du cloître.

C’est à partir de 1368 que des travaux importants furent entrepris par les frères, se poursuivant jusqu’au début du XVe siècle.

Occupé par les Frères mineurs "conventuels", en très mauvais état au moment de la Révolution, le couvent fut fermé en 1792 et les trois derniers religieux chassés. Les bâtiments, vendus comme biens nationaux, furent détruits ou transformés en grange, hangar et habitation. Ne subsistent aujourd’hui que le cloître, l’église et la "bibliothèque" des religieux.